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Campagne du Soldat Louis MALAVAUD

7éme Régiment d'Infanterie

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Louis MALAVAUD est appelé le 15 novembre 1901 au 138ème Régiment d'infanterie basé à Bellac.



Il est mis en disponibilté le 18 septembre 1904, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.


Il fait deux périodes d'exercice au sein du 63ème Régiment d'Infanterie, la première du 21 août au 12 septembre 1908, la seconde du 17 mai au 2 juin 1910.


Il est rappelé le 1er août 1914 et rejoint le 7ème Régiment d'Infanterie.






Mobilisation - Opérations préliminaires - Transport et concentration à la frontière belge.



Le 1er août 1914, à 16 h 35, le colonel Hélo, commandant le régiment, reçoit l’ordre de mobilisation générale. Sans heurt, dans un calme et un ordre parfaits s’exécutent les opérations préliminaires qui durent quatre jours, et, le 5 août, à partir de 16 heures, le régiment au complet s’embarque en chemin de fer.

Nous débarquons à Valmy alors que nous pensions être dirigé sue l’Alsace. Au lieu de marcher vers l’Est, nous marchons au Nord vers la Belgique que les Allemands ont envahie. Les étapes jusqu’à la frontière se font parmi des bois, des champs, des villages.

Après Valmy, c’est l’Argonne. Plus loin, c’est Buzancy, Sommauthe, Beaumont, Mouzon et Carignan, proches de Sedan.



Bataille de Bertrix.



Enfin, le 20 août, le régiment franchit la frontière et prend les avant-postes à Herbeumont. Pour la première fois on a l’impression que l’Allemand est proche. Un grondement lointain nous avertit que la guerre commence. Le 22, vers 15 heures, on marche au canon. La bataille fait rage à notre droite : c’est le 12ème corps qui est engagé. On traverse Bertrix, puis on s’arrête à Assenois. Nous sommes prés des grands bois où l’Allemand est gîté, paraît-il ; les Belges sont anxieux.

Les bataillons se massent dans de petits bois à l’ouest de la route Bertrix – Offagne. On plante la baïonnette au bout du fusil et l’on attend l’ordre de l’attaque. Le 1er bataillon est d’abord engagé, mais à peine s’est-il approché de la lisière des bois qu’il est accueilli par une vive fusillade.

La charge est ordonnée. Les trois bataillons se lancent successivement à l’assaut précédés de leurs chefs. Mais les Allemands sont tapis dans des trous en avant desquels ils ont tendu des fils de fer que les nôtres ne voient que trop tard. Nous sommes arrêtés par cet obstacle sous un feu meurtrier qui cause de grands ravages dans nos rangs. Malgré des pertes sensibles, trois fois les bataillons reviennent à la charge : trois fois ils échouent.

Les bataillons disloqués, ayant perdu toute cohésion, se dirigèrent sur Herbeumont en traversant la forêt. La rage au cœur, nous conservions quand même l’espoir de nous retrouver en plein champ, face à face avec l’ennemi, pour prendre une revanche éclatante et venger nos morts.

Cette occasion allait se présenter quelques jours plus tard. A Herbeumont, le colonel parvient à regrouper 1500 hommes du régiment. Il organise immédiatement la résistance sur les hauteurs avec l’appui de quelques pièces de canons.

Le 23 août, à 12 heures, l’ordre nous est donné de quitter Herbeumont et de nous diriger sur Osnes. C’est l’abandon du petit coin de Belgique que nous défendions, mais c’est aussi l’abandon d’une partie de notre sol. On arrive sans encombre à Osnes où on s’installe en cantonnement d’alerte. Le lendemain, le régiment se reconstitue prés du village. Le 1er bataillon est reformé avec trois compagnies seulement par suite des pertes élevées qu’il a subies l’avant-veille. Ensuite le régiment se porte à Euilly qu’il organise défensivement, pendant que de nombreuses batteries s’installent un peu en arrière de lui pour interdire à l’ennemi le passage de la Chiers.

La journée et la nuit s’achèvent dans le calme. Le 25, à l’aube, la canonnade reprend. On voit les Allemands déboucher des, bois très loin, et tenter de s’infiltrer par les petits ravins qui convergent sur Carignan. Un formidable duel d’artillerie s’engage, nais dans lequel la supériorité du 75 s’affirme. Tout ce qui sort des bois est pris sous le feu de nos canons qui, de plus, fouillent toutes les dépressions du terrain. Osnes, que nous avons quittés la veille, est pris à partie par notre artillerie qui pilonne sans arrêt ce malheureux village devenu une fourmilière d’Allemands.

Toute la journée la bataille fait rage. Peu de fusillade, mais du canon, encore du canon, et toujours du canon. C’est un massacre de boches ! La fumée dégagée par les projectiles est telle qu’on dirait qu’épais brouillard s’élèvent tout à coup des ravins. Les villages flambent ! Décidément la vengeance commence et les Allemands, surpris par cette résistance alors qu’ils nous croyaient en pleine déroute, hésitent et s’arrêtent.

Une compagnie du régiment va faire sauter le pont de Carignan, car malheureusement il va falloir encore battre en retraite malgré le succès de la journée.

Le 26 août, à 1 heure 30, on franchit la Meuse à Mouzon. A la tombée de la nuit, on s’installe à la cote 314, prés de Raucourt, avec mission de contre-attaquer l’ennemi qui aurait réussi à franchir le fleuve. La nuit se passe sous une pluie battante ; les Allemands ne sont pas venus. A l’aube, l’ordre est donné d’abandonner la position et de se rendre à Haraucourt. La fatigue est grande, surtout si l’on ajoute aux veilles l’angoisse de la retraite. Néanmoins le moral n’a pas fléchit.



Bataille d'Angecourt et de Thelonne.



On arrive à Haraucourt de fort bonne heure. Nous sommes transis de froid. Les 1er et 2ème bataillons reçoivent l’ordre de prolonger à droite le 14ème et de le protéger sur son flanc pendant qu’il prononce une contre-attaque sur Thélonne que les Allemands viennent d’occuper.

Notre but est de harceler l’ennemi pour protéger la retraite de l’armée. Le 2ème bataillon commence le mouvement et de dirige, suivi du 1er, sur Angecourt d’où ils prennent tous deux la formation de combat. La liaison est établie avec le 14ème et le contact est rapidement pris avec l’ennemi. Le feu est engagé sur tout le front. Nous nous emparons des deux premières lignes de tranchées allemandes. A ce moment, le 2ème bataillon, malgré le renfort de deux compagnies du 1er, est arrêté devant une crête et un petit boqueteau occupés par de l’infanterie et des mitrailleuses ennemies. L’assaut est donné par trois fois ; chaque fois le bataillon est ramené.

Le lieutenant-colonel envoie demander à l’artillerie de battre la lisière du bois, mais les artilleurs répondent qu’il y aurait autant de danger pour nous que pour les Allemands en raison de la faible distance qui nous sépare de l’ennemi. Ne voulant pas abandonner le terrain conquis, le lieutenant-colonel donne l’ordre d’essayer, avec les deux compagnies qui lui restent, un mouvement enveloppant par la droite.

Il reçoit, en même temps, un renfort d’un bataillon du 88ème bataillon qu’il envoie pour appuyer l’attaque. Un quatrième assaut est encore tenté, et cette fois la position tombe entre nos mains.

Il est douze heures ; nos mitrailleuses sont mises en batteries et on poursuit, par le feu, l’ennemi qui dévale les pentes dans la direction de Pont Maugis. Les sections de mitrailleuses abattent les fuyards par paquets. L’organisation du terrain conquis est immédiatement entreprise, mais rendue très difficile par un feu violent de mitrailleuses partant par la droite, dans la direction du canal, et par le feu de l’artillerie ennemie.

A ce moment arrive, en renfort, le 3ème bataillon. Tout le régiment se trouve maintenant engagé. La bataille redouble d’intensité, car l’ennemi envoie sans cesse des troupes pour essayer de prendre pied sur la rive gauche de la Meuse, ce qui pour lui constituerait une position importante.

Au loin, on aperçoit Bazeilles qui regorge d’ennemis. Notre artillerie y frappe sans arrêt et les pertes allemandes s’accumulent. La Meuse charrie des quantités de cadavres boches.

Nos pertes sont sensibles, c’est vraie, mais celles de l’ennemi sont énormes et non seulement nous n’avons pas lâché un pousse de terrain, mais encore nous avons jeté à l’eau tout les boches qui avaient franchi la Meuse. A droite et à gauche, le succès est aussi complet.

Nous passons la nuit sur les hauteurs de Raucourt sans être inquiétés par l’ennemi qui, en raison de son échec de la journée, hésite à se porter en avant. Le lendemain, à 8 heures, le régiment passe en réserve au Sud du village sur une position violemment bombardée par l’artillerie lourde allemande et nous assistons pour la deuxième fois à un nouveau et formidable duel d’artillerie.

A 16 heures, on reprend le mouvement de retraite que protègent des compagnies du 2ème bataillon et la section de mitrailleuses. Pourquoi reculer encore puisque le succès est à nous ! C’est l’ordre, il faut s’incliner.



La retraite.



A partir de ce moment commence la longue et douloureuse retraite. Raucourt, Angecourt ont marqué, pour le régiment, les derniers combats de notre première rencontre avec l’Allemand exécré. A part quelques escarmouches de peu d’importance, la marche vers le Sud s’accomplit sans incidents, par étapes journalières de 30 à 40 kilomètres.

Le 28 au soir nous sommes à Arthez-le-Vivier. Le 29, au Chesne, que l’on abandonne le 30 pour bivouaquer à Chufilly. Un temps d’arrêt et la retraite inexorable continue. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, on passe Semide où un court engagement a lieu avec l’avant-garde prussienne. Maintenant la retraite s’accélère. On marche nuit et jour, presque sans arrêt. Le repos n’est plus permis ; le sort de la France en dépend.

Nous traversons la Champagne pouilleuse où l’eau fait totalement défaut. Une chaleur torride nous brûle le visage et irrite la gorge. D’interminables convois d’émigrés encombrent les colonnes. Des vieillards, des femmes, des enfants ont quitté en hâte le pays et les voilà qui s’en vont au hasard de la destinée, dans l’intérieur du pays pour ne pas subir le joug allemand.

Le 3 septembre nous bivouaquons à Vesigneul-sur-Marne. Le 4, nous voilà à Sompuis. Et toujours avec nous l’interminable convoi des charrettes, des vieillards, des femmes et des enfants.

Le 5, à minuit, on arrive à Brebant et Corbeil où nous espérons goûter un peu de repos, mais à 3 heures du matin, alerte. Il semble que nous prenons le chemin du Nord. On marche quelques kilomètres, puis on s’arrête dans un champ, les bataillons en colonne double. Enfin la retraite est finie.

Le moment est venu de vaincre ou de mourir. Officiers et soldats font le serment de ne pas lâcher pied et de faire payer cher à l’ennemi les horreurs auxquelles ils viennent d’assister. La bataille de la Marne va commencer.



Bataille et victoire de la Marne.



Après une heure de repos, le régiment se porte à la cote 201 qu’il a pour mission de défendre jusqu'à la mort. Les avant-postes de combat sont pris et on attend le choc. La soirée et la nuit sont marquées seulement par quelques coups de fusil, indices de la prise de combat avec les éclaireurs ennemis.

Le 7 septembre, à 5 heures, la bataille d’artillerie commence. Les Allemands suivant leur tactique habituelle pilonnent à coups d’obus nos positions avant d’y lancer leur infanterie. Malgré des déplacements latéraux et une judicieuse utilisation du terrain, de nombreux soldats sont blessés par ce bombardement qui continue avec des alternatives de vitesse et de lenteur jusqu’à 11 h 30. Notre artillerie riposte énergiquement. On souffre aussi beaucoup de la soif et du manque de vivres.

Dans l’après-midi le feu de l’artillerie ennemie se ralentit puis cesse totalement à la nuit. Cette trêve est aussitôt mise à profit pour creuser des tranchées que l’on tiendra à outrance malgré la grande supériorité numérique de l’infanterie et de l’artillerie allemandes. La confiance est grande, car pour la première fois, nous couchons sur nos positions. Le temps est superbe. Pendant la nuit, les voitures de ravitaillement viennent sur le champ de bataille.

Le 8, à 5 heures, la bataille reprend. D’abord un tir extrêmement violent d’artillerie sur la cote 201, puis au loin, on voit apparaître l’infanterie ennemie qui se déploie et répond à notre feu. Une batterie de 75 vient de mettre en position tout prés de nous et commence son œuvre de mort. Elle tire à mitraille. L’infanterie allemande semble hésiter. Elle trouve en effet une résistance à laquelle elle n’était pas habituée depuis quelques jours. Le combat se stabilise ainsi devant notre front ; il devient plus vif encore à notre droite et à notre gauche.

A 10 heures, la batterie de 75 qui, depuis le matin, crache sans arrêt, cesse son tir faute de munitions. Les artilleurs prennent leur mousqueton et font le coup de feu avec les fantassins. A 10 h 50, un caisson de ravitaillement étant arrivé, la batterie reprend son tir. Le combat s’anime, mais les fantassins ennemis paraissent toujours pas désireux de se lancer à l’assaut.

Nos pertes sont élevées. A 12 heures, le régiment reçoit l’ordre de se rendre à la ferme Montorlor pour se reconstituer avec un renfort de 500 hommes qui viennent d’arriver. Le mouvement de repli s’exécute en bon ordre sous la protection d’éléments du 207ème R.I. qui prennent notre place.

A 16 heures, le renfort ayant été incorporé, le régiment tout entier retourne dans la bataille. La nuit apporte le silence. Sur notre front, l’ennemi n’a pas gagné un pouce de terrain.

A 16 heures, le renfort ayant été incorporé, le régiment tout entier retourne dans la bataille. La nuit apporte le silence. Sur notre front, l’ennemi n’a pas gagné un pouce de terrain.

Le lendemain, le régiment réoccupe la Cote 201, que les Allemands continuent de cribler de projectiles. Le soir nous bivouaquons à la Ferme des Grandes Perthes, où l’on incorpore un nouveau renfort de 800 hommes.

Le 10 septembre, on réorganise les bataillons. Fautes de cadres, ceux-ci restent à trois compagnies. Les Allemands ont fait avancer leur artillerie lourde et l’éclatement des gros projectiles résonne terriblement dans les vallons. La nuit se passe au bivouac, dans un bois, en réserve, à 600 mètres au sud de la Ferme de la Certine.



La poursuite.



Le 11, à 5 heures du matin, tout le monde est sur pied. Le bruit court avec persistance que les Allemands sont battus et que profitant de la nuit, ils ont commencé leur mouvement de retraite. Cette rumeur semble se confirmer par le silence anormal qui règne sur le champ de bataille. Enfin, la nouvelle est rendue officielle par un ordre que reçoit le régiment de se lancer à la poursuite de l’ennemi dans la direction de la Cense de Blanzy.

Les petits bois de sapins sont remplis de cadavres allemands fauchés par les balles et par nos 75. Ici ce sont des sections entières encore alignées comme à la manœuvre et qu’un obus français a cloués sur place. Plus loin, au pied d’un poteau télégraphique, dix corps allemands sont entassés. Dans la précipitation de leur retraite, les Allemands ont abandonné un grand nombre de leurs blessés : toutes les granges en sont pleines, mais il est bon de se méfier, car certains d’entre eux ont conservé leurs armes et n’hésitent pas à nous tirer dans le dos après nous avoir demandé à boire.

Nous avançons toujours. Les villages sont en feu. Tout ce qui n’a pas été brûlé a été pillé, saccagé, souillé. Les Allemands fuient en trois colonnes : l’artillerie sur la route, l’infanterie et la cavalerie à travers champs. Leurs pistes sont jalonnées par des milliers de bouteilles vides. Ces soudards n’ont pas voulu quitter la Champagne sans goûter à l’ivresse que procure son vin.

La nuit tombe, nous arrivons à Pringy, sous une pluie battante, à la lueur sinistre des maisons embrasées. Après quelques heures de repos, nous repartons par Songy, Saint-Martin, Francheville, Dampierre et Moivre. Nous doublons les étapes, car enfin il faut rattraper les boches. La fatigue ne compte plus.

Le 13 septembre, nous traversons Somme-Tourbe, complètement brûlé et Wargemoulin en flammes. Nous cantonnons à Minaucourt. Les avant-postes sont pris et deux compagnies sont envoyées à la Ferme Beauséjour où elles se heurtent à un bataillon ennemi. Une vive fusillade s’engage, mais en raison de l’heure tardive et de l’extrême fatigue des hommes, le combat n’est pas poussé plus à fond.

Le lendemain, la bataille reprend sur tout le front Mesnil les Hurlus, Ferme Beauséjour. Notre artillerie nous soutient faiblement faute de munitions. Par contre, l’artillerie ennemie arrose de projectiles les crêtes que nous occupons, ainsi que les ravins où se tiennent les réserves du régiment. La Ferme Beauséjour est prise, mais c’est le seul gain de la journée.



Bataille de Beauséjour et d'Argonne.



A partir de ce moment va commencer la guerre de tranchées qui durera plusieurs années. En raison des pertes élevées subies la veille, le régiment passe en réserve à Minaucourt et commencent immédiatement à creuser des tranchées et boyaux. Jusqu’au 21 septembre. L’activité de combat reste faible. Dans la nuit du 21 au 22, on relève en première ligne le 9ème R.I. : 1er bataillon à gauche, le 2ème au centre, le 3ème à droite.

Le 26, à l’aube, une fusillade nourrie s’engage sur notre front et sur les secteurs voisins. Les Allemands essaient une première attaque qui est repoussée sur toute la ligne. Une demi-heure plus tard, ils reviennent à la charge en force considérable et parviennent à refouler notre gauche, malgré la résistance opiniâtre de nos hommes qui n’abandonnent la ligne que sur l’ordre de leurs chefs.

Une menace de débordement se dessine aussitôt de ce côté. Mais on rallie une centaine d’hommes et on parvient à faire mettre en batterie une mitrailleuse qui prend de flanc l’attaque de tout un bataillon allemand lancé dans la trouée. Surpris, l’ennemi s’arrête, oscille et, finalement, s’enfuit dans le plus grand désordre vers ses lignes. A ce moment, il tombe sous le feu des deux autres bataillons qui, malgré le fléchissement du 1er, n’ont pas cédé. Les gros paquets de fuyards sont fauchés par les mitrailleuses, et les isolés sont tirés comme des lapins. Bien peu réussissent à réintégrer leurs trous.

De notre côté, nous avons pas mal de blessés. Malgré tout la journée est bonne car les Allemands viennent de subir un sanglant échec. Après cette affaire, le 7ème R.I., est mis en réserve pour se reconstituer.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, le régiment relève le 21ème R.I. dans les tranchées au nord de Somme-Suippes. Il y reste jusqu’au 15 sans qu’aucun combat important ait marqué cette courte période, puis il retourne à Wargemoulin.

Jusqu’au 6 décembre, le 7ème R.I. reste dans la région Beauséjour – Mesnil-les-Hurlus et alterne avec le 9ème R.I. pour l’occupation de la ligne de combat. La pluie qui ne cesse de tomber entrave fortement les travaux d’organisation défensifs qui se limitent d’ailleurs au creusement de tranchées et de boyaux et à la pose de fils de fer en avant de la première ligne.

Le 6 décembre, le régiment revient en réserve. Il reçoit l’ordre de se tenir prêt à être embarqué le lendemain en camions auto. Le lendemain à midi, le régiment se trouve échelonné sur la route Suippes – Sainte-Menehould devant une file interminable de gros camions dans lesquels on embarque.

A 10 heures, on débarque à Chaudefontaine et le lendemain matin une étape nous porte à Vienne le Château. Le 2èm bataillon est aussitôt envoyé à la Harazée où il arrive juste à point pour repousser une attaque allemande.

Le régiment reste en Argonne jusqu’au 14 décembre. Du 8 au 13 décembre, le 2ème bataillon du 7ème R.I. a été appelé à soutenir le 51ème R.I. chargé de la défense du secteur Nord du bois de la Gruerie. En raison de la faiblesse des effectifs du 3ème bataillon du 51ème R.I., la 6ème compagnie du 7ème R.I. a dû être placée en première ligne, au saillant Est du secteur. Ce saillant était périlleux et difficile à tenir. La 6ème compagnie l’a occupé avec intelligence, résistant très bravement aux différentes attaques de l’ennemi. Elle a fait preuve pendant ces journées, de discipline, de bon esprit, de calme.

Devant la 8ème compagnie du 51ème R.I., le chef de bataillon a fait éclater une mine et s’est servi de l’entonnoir pour amorcer une nouvelle tranchée en avant de notre ligne. Dans cette attaque, la section du 51ème R.I. a été très brillamment aidée par une escouade de la 5ème compagnie du 7ème R.I. qui était en réserve de compagnie.

Le 16 décembre, le régiment revient à Chaudefontaine et de là se rend à Sainte-Ménéhould où il s’embarque à destination de Somme-Tourbe pour rejoindre son ancien secteur de Champagne.



Offensive de Champagne - hiver 1914/1915.



Notre retour précipité de l’Argonne avait pour but de nous faire participer à l’offensive que le 17ème Corps d’Armée devait prendre en Champagne. Le 7ème R.I. ne chômait pas mais il est en réserve.

Le 23 décembre, le 1er bataillon reçoit l’ordre de s’emparer, avec un bataillon du 20ème R.I., des « Tranchées Brunes » qui forment un saillant dans notre ligne. L’attaque est menée avec la plus grande vigueur. Après une préparation d’artillerie, le bataillon se lance à l’assaut, son chef en tête. Les tranchées ennemies sont conquises, mais le succès nous coûte cher. Des mitrailleuses que notre artillerie n’avait pas détruites ont ouvert un feu d’enfilade sur nos hommes au début d’attaque.

Le terrain conquis est immédiatement mis en état de défense. Deux fortes contre-attaques ennemies sont repoussées, malgré le faible effectif du bataillon. Ne pouvant reconquérir les tranchées perdues, l’ennemi les bombardes violemment et, pour la première fois, nous voyons apparaître cet engin nouveau appelé « Minenwerfer » (lance mines).

Le soir, une nouvelle contre-attaque est encore repoussée à coups de fusil. La nuit est plus calme. Nos hommes en profitent pour achever l’organisation de la tranchée et compter les prises. Outre un nombre assez élevé de prisonniers, le 1er bataillon s’est emparé de mitrailleuses, de fusils et d’un minenwerfer de gros calibres, ainsi que des provisions de toutes sortes (saucisses, pâtés, fruits, cigares, etc.…). Les boches s’apprêtaient à fêter joyeusement Noël.

Le 30 décembre, les trois bataillons du 7ème R.I. attaquent les « Tranchées Grises » et s’en emparent en partie, mais la bataille qui dure depuis plusieurs jours a permis aux Allemands de renforcer leur artillerie, et les combats deviennent alors plus acharnés. Nous progressons lentement au prix de grands sacrifices. Les attaques se succèdent jour et nuit presque sans interruption. On ne connaît plus le repos.

Ce repos nous ne devions le prendre que trois semaines après. La fatigue est grande. Les bataillons se succèdent sur la ligne de feu et l’on voit des compagnies commandées par des sous-lieutenants de 19 ans, tous les autres officiers ayant été mis hors de combat. C’est une guerre d’usure dans laquelle le terrain est arraché par petits morceaux.

Enfin, le 21 janvier, le régiment est envoyé au repos à Bussy le Château où il y reste jusqu’au 29. Quelques renforts arrivent et, le 30 janvier, nous retournons dans la bataille.

Le 1er février, le 1er bataillon attaque le Bois Rectangulaire au Nord-Ouest de Perthes les Hurlus. La position avancée, tenue par la 1ère compagnie, est devenue très périlleuse. La 4ème compagnie demande à l’occuper, mais la 1ère refuse de la céder.

Le 16 on attaque les bois au nord de Perthes ; le 17, nous sommes au-delà du Bois Rectangulaire. Les assauts se multiplient. Après trois semaines de ces durs combats, le régiment est relevé et passe en réserve dans les bois de la Ferme Piémont où il ne reste que quelques jours dans la boue.

La tranchée est conquise de haute lutte et les boches massacrés. Des prisonniers sont parqués dans un coin. Leur frayeur est telle qu’un seul de nos hommes suffit pour les garder. Une contre-attaque lancée immédiatement par l’ennemi donne lieu à des combats épiques.

La contre-attaque est repoussée, deux mitrailleuses allemandes sont envoyées à l’arrière et l’une d’elles remise à la salle d’honneur du régiment. Bousquet et Deyma reçoivent la Médaille Militaire sur le champ de bataille. Le succès est complété par les 2ème et 3ème bataillons qui, engagés peu après, s’emparent des dernières tranchées constituant l’ouvrage S.K.





Louis MALAVAUD est décédé le 25 février 1915 à l'hôpital mixte de Vitry le François (Marne) de suite de blessures de guerre, fracture ouverte de la jambe droite, septisémie.